Login

La filière maïs semence inquiète du potentiel de production de l’Ukraine

Selon l'AGPM, la hausse des importations françaises de semences de maïs d'origine ukrainienne a accentué la baisse des surfaces de multiplication observées ces deux dernières années. En 2025, elles ont chuté à 62 000 ha, contre 80 000 en 2023.

Quel serait l’avenir pour la filière française et européenne du maïs semences si l’Ukraine était amenée à intégrer l’Union européenne ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre le cabinet de conseil ORAE Géopolitique, pour le compte de l’AGPM, au travers de trois scénarios prospectifs.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Le 18 novembre 2025 au congrès du maïs, l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) a présenté les principaux résultats d’une étude prospective, commandée en 2024 auprès du cabinet de conseil ORAE Géopolitique. Intitulée « Analyse des enjeux de l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne (UE) pour la filière maïs en France et en Europe », elle englobe toutes les filières de la céréale.

Celle des semences est toutefois plus particulièrement visée : « L’Ukraine est un pays capable de réagir […] et surtout de s’adapter, sachant que le ciblage de la production de semences est quelque chose d’assez net dans la production ukrainienne », prévient Olivier Antoine, directeur d’ORAE Géopolitique.

Et d’ajouter « le chiffre qui fait peur », à l’origine de la commande de l’étude, c’est le rebond des importations françaises et européennes de semences ukrainiennes depuis le début de la guerre, alors même que l’Ukraine ne fait pas partie de l’Union européenne. En effet, selon la section semences de l’AGPM, les exportations de l’Ukraine vers l’Union européenne et la France ont respectivement augmenté d’un coefficient de 37 et 175, en seulement trois campagnes de commercialisation (2020-2021 à 2023-2024). Sur 2023-2024, l’Union européenne a importé près de 3 millions de doses ukrainiennes, dont 800 000 par la France.

Trois scénarios

ORAE Géopolitique a élaboré trois scénarios prospectifs à horizon 2030, convenant avoir « joué à tordre » la temporalité. En effet, l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne, si elle se confirme, ne se ferait pas avant une vingtaine d’années. Les chiffres ci-dessous ne sont pas « à prendre à la lettre » mais demeurent « tout à fait plausibles », précise Olivier Antoine :

« Se battre à arme égale »

Que faire maintenant de ces scénarios ? De cette Ukraine qui « n’est pas là pour faire peur » mais dont le potentiel est tel qu’elle pourrait « avoir un capacitaire équivalent » à la France ? Pour Xavier Thevenot, secrétaire du bureau de l’Union française des semenciers (UFS), il faut d’abord relativiser les chiffres. « Les évolutions françaises et ukrainiennes en production de semences sont assez similaires, avance-t-il en évoquant l’année 2025 et ses surfaces en recul de 20 000 ha pour les deux pays. On ne voit pas d’explosion des surfaces ukrainiennes pour alimenter le marché français », ajoute-t-il. Les niveaux d’importations de semences ukrainiennes sont selon lui « significatifs » mais il ne s’agit pas d’un « raz de marée de nature à venir nous challenger sur notre bassin de production ». Par ailleurs, une partie de ces semences importées (environ 50 % selon une enquête de l’UFS) ne reste pas dans le pays, ses plateformes logistiques permettant un transit vers d’autres destinations.

Le représentant de l’UFS partage toutefois les inquiétudes des producteurs : « un pays comme ça avec autant de facilité et de moyens de production, c’est de nature à représenter une inquiétude », reconnaît-il. À la question des mesures à prendre, sa réponse est la même que celle de l’AGPM : « allégeons les boulets que nous nous mettons au pied, en même temps d’exiger des pouvoirs publics les clauses de sauvegarde […]. Il faut se battre pour lever les contraintes […]. Il faut se battre à arme égale ».

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement